In memoriam – Yves Delhez

 

Ce 27 février 2016, l’annonce du décès de notre confrère Yves Delhez dans un tragique accident de la route, nous rappelle la fin toute aussi tragique d’un des pères de l’architecture organique, Antoni Gaudi, victime lui aussi d’un accident de circulation. Est-ce là un ultime clin d’œil de l’artiste tirant sa révérence… ?

Au-delà du profond respect pour le drame humain que cause la perte d’un être cher, d’un père, d’un confrère, le départ d’Yves crée un vide considérable également pour l’architecture. Celui qui dans les années nonante, par une vision hors normes, aura décroché les plus grands prix de l’architecture belge nous laisse une œuvre audacieuse, ludique, détonante et surprenante.

On peut souligner que le mouvement d’architecture organique en Belgique situe ses plus belles réalisations en Wallonie, et de façon particulièrement dense à l’est de la province de Liège et au nord de celle du Luxembourg. Est-ce l’effet d’un tempérament frondeur ? Pas seulement. Certainement, une volonté affirmée, comme postulat, de sortir du cadre trop étroit des prescriptions pour proposer une expression résolument engagée et forte, révélée par des gestes inattendus, quelques fois déraisonnables et un peu fous, mais toujours libérés et pleinement assumés. Une architecture exceptionnelle, qui incontestablement mérite sa place dans le paysage.

Le lien entre la construction et le terrain où elle s’érige est subtilement exploité et la nature conserve toute sa valeur, à travers les formes, les matériaux et les couleurs… De manière insolite et surprenante, l’homme est accueilli dans des espaces toujours exceptionnellement uniques.

Avec Yves, lorsque l’architecte a donné tout ce qu’il avait en lui, l’artiste a poursuivi son œuvre, afin de s’accomplir dans toute sa plénitude…